Les projets de DNAT 2015 du département design graphique de l’ésam Caen/Cherbourg sont restés très ouverts sur les différents domaines de cette discipline, édition (numérique/print), signalétique, identité visuelle, web,… La question des archives et celle de la mémoire ont traversé plusieurs projets cette année.
Laurie Périssé, pour son projet « La Base », a conçu un site d’archives de la presse, projet totalement inédit. Passionnée par la notion de serendipité (soit faire une découverte fortuitement), elle a choisi de valoriser l’intelligence collective humaine à l’algorithme numérique grâce à un système de listes croisées et partagées de recherche.
Élisa Garnero a quant à elle rendu hommage, par une édition très complète et une scénographie, à l’histoire de la SMN (Société Métallurgique de Normandie). Ce travail rend compte d’une véritable investigation de terrain et de nombreuses rencontres humaines. À la façon d’un archéologue, elle a su reconstituer l’ancien site pour concevoir tout un corpus de vues indispensables à l’illustration des différents textes.
Kuyngmin Lee, étudiante coréenne, a fait l’exercice de l’enregistrement de ses souvenirs d’ « ici et là-bas » dans la réalisation d’une collection d’ouvrages poétiques dont la somme devient un recueil éclaté dans l’espace. Chacun de ses poèmes a donné lieu à une architecture éditoriale qui lui est spécifique, ce qui offre une expérience immersive et unique de lecture.
Joséphine Daudiberière a aussi mené une recherche graphique sur la question de l’identité et de l’oubli dans une proposition de refonte de l’identité visuelle pour l’Association France Alzheimer. Ce contexte lui a permis d’explorer de nouvelles typologies d’images et d’envisager d’autres supports rapprochant les aidants des patients.
Ying Xu a souhaité aussi traiter de la maladie en l’abordant d’un point de vue positif, dans une démarche bilatérale de partage du savoir, grâce à une série d’éditions qui abordent les liens entre art brut et maladies mentales.
D’autres, comme Salomé Guillemin-Pœuf et Marie-Maëlle Arsène, se sont penchées sur la question de la vulgarisation scientifique, ou comment renouveler l’illustration médicale suivant différents types de supports édités.
Salomé Guillemin-Pœuf a expérimenté une riche variété d’écritures (entre illustrations médicales et visuels ésotériques) pour concevoir un manuel sur les médecines populaires. Cet ouvrage de poche, se veut un objet pratique et ergonomique qui se fasse le relais d’une transmission traditionnellement orale.
Marie-Maëlle Arsène a voulu concevoir un nouveau support éditorial consacré à la science avec un mook qui permettrait d’aborder des thématiques (comme par exemple la dent pour son 1er numéro) selon des points de vue croisés à la fois littéraires, anthropologiques, artistiques…
Anastasia Gladkova a voulu explorer les liens fascinants entre design graphique et son. Elle revisite les codes typo-graphiques employés par les orthophonistes afin d’éditer des objets didactiques et ludiques qui tendent à faire facilement participer le public.
Pauline Vidal a elle aussi profité de son projet de diplôme pour se jouer du support imprimé et orchestrer les jeux de mots de Raymond Roussel, et de son ouvrage « Impressions d’Afrique ». Dans un pur esprit oulipien, elle a exploré avec ce texte emblématique, le champ contemporain du livre augmenté dans un dispositif multimédia mêlant codage et décodage, texte imprimé et mots animés.
Loriane Bouhier pratique la médiation et a voulu employer l’objet livre comme un espace volontairement intimiste et sensible pour permettre d’initier le lecteur à cette discipline mentale. Chaque choix de papiers, d’impressions, d’imageries, vient intuitivement séquençer les différents temps de la méditation.
Sarah Accardi est une amoureuse de la nature contrainte, comme beaucoup, de vivre en ville. Dans son application et son site web elle propose aux citadins d’accéder facilement à des espaces verts de proximité. Elle se sert ici de l’outil numérique comme atout pour sensibiliser les usagers aux questions de l’environnement.
Céline Mast s’est quant à elle intéressée aux fonds marins et a conçu une exposition hors les murs, visible de jour comme de nuit. De la communication évènementielle, en passant par le catalogue, elle raconte l’histoire de l’exploration des fonds marins et l’évoque par un savant dégradé de bleus allant du plus clair à la surface et du plus sombre pour les abîmes de l’océan.
Mélanie Lo Luen Chung a imaginé un site participatif qui permettrait de créer des réseaux entre écoles, à travers le monde. Ce site à vocation pédagogique faciliterait la publication, l’échange d’images, de sujets et d’idées à l’occasion de cours d’arts visuels avec l’idée de faire découvrir différentes cultures aux enfants.
Anne Carrez a voulu consacrer son projet de diplôme à la conception d’une application mobile cherchant à valoriser le réseau des salles de cinéma d’art et d’essai et donc de leur programmation. Avec « La toile », l’idée est non seulement de redynamiser la communication de ces salles, trop souvent marginalisées mais de tenter de modifier les comportements du public, via différentes expériences utilisateur.
Anna Dalko a voulu concevoir une épicerie alternative qui redistribuerait des invendus soit disant impropres à la consommation. Ce projet s’inscrit d’ailleurs dans l’actualité au vu de la loi contre la gaspillage alimentaire votée en mai dernier à l’Assemblée Nationale. Dans un principe constant d’économie de moyens, tous les éléments d’étiquetage sont modulaires afin d’être facilement mis à jour suivant les arrivages en rayon.